Le Perp rit, ses concurrents pleurent

04 mai 2016
PAR NICOLAS PEYCRU

Annoncé depuis plusieurs mois par les professionnels du patrimoine, le renouveau du plan d’épargne retraite populaire (Perp) vient d’être confirmé. Dans la dernière édition de son panorama des retraites rendu public le 28 avril 2016 et portant sur les données de 2014, la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère des Affaires sociales (rien que ça !) souligne la bonne santé du Perp.

Ce placement, qui propose le versement à compter du départ à la retraite de rentes viagères (servies jusqu’au décès), a vu le nombre de ses souscripteurs progresser de 2% en 2014 pour atteindre 2,3 millions d’assurés. Cela peut sembler faible mais il faut savoir que l’ensemble des produits d’épargne retraite individuelle rassemble à peine 3,1 millions d’adhérents. C’est dire si le Perp domine ce marché qui comprend également Préfon-Retraite, le complément retraite mutualiste (Corem) ou encore le complément retraite des hospitaliers (CRH).

Mieux : à l’inverse des produits concurrents, la cotisation moyenne annuelle par adhérent a bondi de 18% pour les Perp en 2014, passant de 715 euros à 843 euros en l’espace de 12 mois. A titre d’exemple, les versements sur les contrats Madelin, pourtant très bien implantés chez les travailleurs non-salariés (TNS), ont baissé dans le même temps de 8%, à 1.965 euros.

Il s’agit donc bien d’une renaissance du Perp à laquelle nous assistons. Ce plan, il est vrai, revient de loin. Ouvert à tous les particuliers (y compris les inactifs), ce placement a été massivement commercialisé par les réseaux bancaires à son lancement en 2004. Les conseillers financiers n’ont pas hésité à en vendre au tout venant alors que ce plan n’a de populaire que le nom. Comme il s’agit d’un produit dit « tunnel » (il ne peut être débloqué qu’au moment du départ à la retraite sauf en cas d’accidents de la vie), il ne peut se substituer à un placement « liquide », comme le Livret A ou l’assurance-vie.

Par ailleurs, on estime qu’il faut thésauriser en moyenne 300.000 euros pour disposer d’une rente de 1.000 euros par mois à la retraite. Une capacité d’épargne pas vraiment à la portée du Français moyen. Enfin, l’un des attraits du Perp est son avantage fiscal à l’entrée. Les souscripteurs peuvent déduire leurs cotisations de leurs revenus à déclarer au fisc à hauteur de plus de 30.000 euros par an. Un atout qui n’est intéressant que si l’on est fortement imposé. Pas, là encore, le profil de la veuve de Carpentras. Les épargnants ont vite compris tout cela et ont rapidement boudé le Perp. Le soufflé du démarrage en fanfare de ce plan est ainsi retombé. Au point que certaines banques ont fini par ne plus le proposer à leurs clients.

Si le Perp redevient en vogue, c’est, bien sûr, en grande partie grâce à la déduction fiscale qu’il offre. En cette période de hausse d’impôts et de limitation des niches fiscales, l’argument a de plus en plus de poids, y compris auprès de la classe moyenne. Les TNS apprécient, en outre, sa souplesse. Contrairement aux contrats Madelin, les cotisations sur un Perp ne sont pas obligatoires. Depuis 2011, il est possible de sortir en capital au moment du départ à la retraite à hauteur de 20% de l’encours et même à 100% en cas d’acquisition de la résidence principale. Les transferts du Madelin au Perp n’ont, parait-il, jamais été aussi nombreux. Et si le Perp n’était pas en train de développer le marché de l’épargne retraite, mais plutôt de le cannibaliser ?

Auteur – Nicolas Peycru

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