L’étrange succès du PEL

14 juil. 2016
PAR NICOLAS PEYCRU

Mais qu’est-ce qui pousse les épargnants à se ruer sur le plan d’épargne logement (PEL) ? Selon le dernier rapport annuel de l’Observatoire de l’épargne réglementée présenté le 7 juillet 2016 par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, l’encours du PEL a augmenté de 11,1% l’an dernier pour atteindre la bagatelle de 240 milliards d’euros au 31 décembre 2015.

A titre de comparaison, le montant des sommes placées sur les plans avait progressé de « seulement » 9,2% en 2014. Il est vrai que la collecte nette (les versements moins les retraits) annuelle sur les PEL est passée, en l’espace de 12 mois, de 18,2 milliards d’euros à 24 milliards d’euros. Autre signe du dynamisme de ce placement : le nombre de plans a connu une hausse de 9,3% pour s’établir à 15,6 millions d’unités. Une performance plus qu’honorable sachant que, comme tous les produits d’épargne réglementée par l’Etat, il n’est possible de détenir qu’un seul PEL par personne (majeure ou mineure).

Surtout, les bons résultats du PEL tranchent avec ceux de ses deux grands « cousins ». A savoir : le Livret A et le Livret de développement durable (LDD). Toujours d’après le rapport annuel de l’Observatoire de l’épargne réglementée, les capitaux investis dans les Livret A et les LDD ont baissé respectivement de 2,7% et de 0,8% en 2015. Les deux livrets défiscalisés ont subi une collecte nette négative de 2,1% l’an dernier. Concrètement, les retraits ont dépassé les versements de 10,5 milliards d’euros.

Du coup, l’encours du PEL se rapproche de celui du Livret A (340 milliards d’euros pour le premier, contre 355,9 milliards d’euros pour le second au 31 décembre 2015). L’engouement des Français pour le PEL est d’autant plus étonnant que ce placement offre des taux de crédit immobilier peu compétitifs.

Le taux d’intérêt des prêts d’épargne logement se situe à 2,70% pour les PEL ouverts depuis le 1er février 2016, à 3,20% pour ceux souscrits au 1er février 2015 et même à 4,20% pour les plans antérieurs à cette date. Or, selon les dernières données du courtier Vousfinancer.com rendues publiques le 4 juillet, le taux moyen actuel proposé par les banques s’élève à 1,80% pour un crédit à l’habitat sur 20 ans.

En réalité, si les Français ouvrent et alimentent leur PEL, ce n’est pas pour faciliter leur accession à la propriété, la finalité première de ces plans. Ils le font essentiellement pour profiter de son rendement. Contrairement aux autres produits d’épargne réglementée, la rémunération du PEL ne suit pas celle du Livret A. Ses règles de calcul lui soit propres.

Ainsi, le PEL est rémunéré à 1,5% depuis le 1er février, contre 0,75% pour le Livret A. L’écart n’est pas de 0,75 point, car les intérêts du PEL sont assujettis aux prélèvements sociaux (CSG, CRDS…) à 15,5%. Il n’empêche, la différence est réelle alors que le PEL n’est pas imposé et bénéficie d’une garantie de l’Etat comme le Livret A.

Surtout, à l’inverse de l’ex-livret chouchou des Français, la rémunération du PEL ne peut pas être abaissée en cours de route. Les épargnants qui ont ouvert un plan entre le 1er février 2015 et le 31 janvier 2016 bénéficient toujours du rendement de 2% de l’époque et même de 2,5% pour ceux qui ont souscrit un plan entre le 1er avril 2013 et le 31 janvier 2015. Cette règle explique d’ailleurs en partie le succès du PEL aujourd’hui. Les particuliers se dépêchent d’en ouvrir un avant que les pouvoirs publics n’en baissent encore le rendement.

Auteur – Nicolas Peycru

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