Si la France est le pays de Descartes, le comportement de ses habitants ne semble pas toujours très logique. Il en va ainsi de la retraite. Dans une étude publiée le 20 mai 2016 et réalisée par OpinionWay pour le compte du groupe de protection sociale Malakof Médéric, 75% des 1.016 actifs de 50 ans et plus interrogés s’attendent à un « changement de leur train de vie » à la retraite. En d’autres termes, les trois-quarts des seniors ont compris que leur pouvoir d’achat va sensiblement baisser une fois qu’ils auront quitté la vie professionnelle.
Ils n’ont pas tort : compte tenu de l’allongement de la durée de cotisation, il va être de plus en plus difficile de disposer du nombre de trimestres requis pour percevoir une pension de base complète, c’est-à-dire sans décote. Quant aux pensions complémentaires, leur rendement ne cesse d’être abaissé par l’Arrco et l’Agirc afin de combler leurs déficits (voir également cet article). Sans oublier le « malus » temporaire de 10% durant trois ans qui sera appliqué à compter de 2019 sur les retraites complémentaires des salariés qui partiront à 62 ans, suite à l’accord signé le 30 octobre dernier par les partenaires sociaux. Dans ces conditions, toucher une pension acceptable à la retraite va relever de la gageure.
Les Français semblent avoir pris conscience du problème et c’est tant mieux, pourrait-on dire. Sauf que cela ne les pousse pas, pour autant, à anticiper la baisse future de leurs revenus. Cinq ans avant leur départ à la retraite, seuls 33% des seniors sondés par Malakof Mederic disent préparer leur budget. Deux ans avant le grand saut, ils sont à peine 50%. Et quand ils s’y mettent, ce n’est pas toujours très rationnel. 29% comptent solder leurs crédits, 24% pensent isoler leur logement ou s’équiper d’une chaudière à condensation afin de réaliser des économies d’énergie et 21% prévoient d’investir dans une voiture neuve ou un nouveau lave-linge. Seulement 10% envisagent de souscrire une assurance vie.
L’étude ne dit pas si les répondants possèdent déjà un contrat, mais le contraire serait dommage. L’assurance vie constitue, via des rachats programmés ou une sortie en rentes viagères (servies jusqu’au décès), l’un des meilleurs compléments de revenu à la retraite. Autre bizarrerie : 26% des seniors comptent continuer à travailler pour combler le manque à gagner post-vie active. Soit exactement le même pourcentage que ceux qui voient dans la retraite… « un soulagement ». On imagine que ce ne sont pas les mêmes. Il n’empêche, il y a de quoi être dérouté.
Mais le plus étonnant, c’est que si le gros des Français se montre inquiet quant au montant de leurs futures pensions, seulement 15% ont une idée de ce qu’ils devraient toucher à la retraite. Là encore, comprenne qui pourra… Pour les aider à y voir plus clair, l’Agirc-Arrco a lancé le 9 mai dernier un simulateur en ligne basé sur les vraies données de carrière et non sur des informations déclaratives comme la majorité des outils disponibles sur la Toile. En tapant simplement son numéro de Sécurité sociale, l’internaute peut avoir une estimation de sa pension en fonction de son âge de départ (de 62 à 67 ans) et de sa trajectoire professionnelle (ascendante, descendante, stable, avec des périodes de chômage, de formation…). De quoi mettre un coup d’arrêt au « french paradoxe », estime l’institution de retraites complémentaires. On l’espère…
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