Placement immobilier : Comment aborder la révolution numérique ?

15 mars 2018
PAR NICOLAS PEYCRU

 

Placement immobilier

L’immobilier est un domaine qui touche de nombreux Français et qui reste un élément capital dans le contexte économique local. Considéré par beaucoup comme étant  le premier contributeur national, l’immobilier rend compte de différents aspects à négocier dès que l’on aborde sa révolution numérique. On reproche notamment au secteur une certaine lenteur par rapport à l’innovation technologique. S’il reste à déterminer la véracité de cette remarque, il est intéressant de mettre en exergue les éléments qui ralentissent cette transition.

 

L’immobilier : un secteur complexe et diversifié

 

Il est important de souligner que l’immobilier est un secteur complexe et diversifié. Parler de révolution numérique implique des retombées sur différents secteurs d’activités tous différents les uns des autres. Elle influe les agences immobilières tout autant que les gestionnaires de patrimoine. Il peut s’agir par exemple de proptech, qui inclut dans ce cas, le rôle des startup et leurs difficultés à émerger dans le marché traditionnel, ou de fintech, qui ici insiste plutôt sur la vitesse et  la fiabilité de leurs transactions. Cependant, malgré cette divergence, les reproches associées au secteur sont assez similaires et pointent précisément vers un grand obstacle qui est d’ordre structurel.

 

Placement immobilier : Que le reproche-t-on par rapport à la révolution numérique ?

 

Divers observateurs perçoivent l’immobilier comme étant un secteur toujours aussi conservateur et qui offre parfois des services peu pertinents aux yeux de cette nouvelle génération de consommateurs bercés dans le numérique que l’on appelle désormais les “digital natives”. Même si les termes de blockchain ou d’intelligence artificielle se répandent de plus en plus, beaucoup d’agences immobilières ou de gestionnaires communiquent encore principalement par téléphone et courrier papier. Le reproche n’est pas tellement lié à la prédisposition des différents acteurs à évoluer ; Les démarches pour le faire sont bel et bien en place ! On pointe plutôt du doigt la vitesse à laquelle les différentes mesures sont mises en place.

 

C’est d’autant plus important quand on réalise que l’immobilier est un domaine qui regroupe de très nombreux consommateurs, affiche des sommes vertigineuses en termes de dépenses, et demeure bien sûr, parmi les premiers choix de placement des Français. Dans un contexte où diverses capitales européennes (Bruxelles, Londres…) déclarent vouloir devenir “championnes des fintech et des startup”, les procédures habituelles d’acquisition et de revente de biens immobiliers doivent se réinventer rapidement.

 

Immobilier et la révolution numérique : le constat

 

L’environnement digitale en France est plutôt active en ce qui concerne le marché immobilier. Selon Le Journal De L’Agence, l’association Real Estech regrouperait à elle seule, 400 startup spécialisées dans l’immobilier. L’influence de ces dernières ne cessent de grandir. Elle sont notamment en partie responsables de l’explosion du crowdfunding immobilier en 2017. Toujours selon le même journal, les jeunes sociétés de gestion immobilière sont quant à elles responsables de près de 20 000 logements en France. Elles ont encore beaucoup à progresser quand on réalise que Renfit, le leader outre-manche, gère plus de 200 000 logements.

 

Les obstacles

 

Les obstacles liés à cette révolution ne manquent pas. Comme expliqué au tout début, le premier dilemme est d’ordre structurel. Le marché immobilier est en effet très fragmenté. Les agences immobilières et les sociétés de gestion évoluent sous forme de micro-structures. Selon l’Insee, on recense plus de 44 000 agences immobilières françaises comportant en moyenne moins de 4 individus par point de vente. Les gros réseaux s’apparentent davantage à de grosses franchises constituées de petites structures isolées. Ainsi, bon nombre de ces groupes n’ont pas la taille requise pour profiter des effets d’échelle, ne perçoivent donc pas assez de profits et peuvent difficilement, en conséquence, enclencher cette transformation numérique.

 

Par conséquent, le parcours des jeunes pousses n’est pas très évident. Cela devient pertinent quand on analyse l’émergence des startup de la proptech. Un article de Maddyness.com abordait récemment l’emprise qu’ont certains éditeurs de logiciels sur le marché immobilier qui occupent aujourd’hui une place historique et quasi-monopolistique dans le paysage français. L’évolution numérique bouge selon son rythme et freine également le développement de nombreux nouveaux entrants sur le marché. Ceux-ci arrivent difficilement à se faire soutenir financièrement.

 

Au final, la présence de la fragmentation qui ralentit cette transition numérique génère un cercle vicieux. Le manque de confiance, voire l'exaspération qui en résulte, devient en elle-même un obstacle. Selon un sondage réalisé par l’Ifop, l’agent immobilier est l’une des professions qui inspirent le moins confiance aux Français. Ce n’est pas idéal quand on veut percevoir des fonds. Ce manque de confiance relève aussi un autre point important par rapport au rôle des agences immobilières en tant que fintech. Elles devront être plus réactives et transparentes pour se légitimer.

 

Les solutions

 

Les solutions ne manquent pas quand on réfléchit à comment accélérer cette transition numérique. Comme premier effort, il reste un travail d’évangélisation et d’éducation à effectuer par rapport au bienfait que pourrait amener cette transition. On doit effacer cette image d’un secteur éloigné des dernières évolutions technologiques. Promouvoir l’émergence de startup et faire état des avancées dans le domaine.

 

Le soutien gouvernemental est essentiel dans ce sens. Tout récemment, le Ministère de la Cohésion des territoires avait annoncé vouloir faciliter la vie des entreprises en réécrivant le code constitutionnel. Les lois actuelles sont jugées comme trop complexes pour encourager cette culture d’innovation. Suite à l’annonce du projet de loi logement (ELAN) par exemple, le Ministère envisage la suppression de près d’une page sur cinq du code de la construction et de l’habitation. C’est dans l’optique d’offrir aux entreprises une plus grande marge de manoeuvre.

 

Parallèlement, il faudra veiller à mieux adapter la réglementation concernant la dématérialisation de l’investissement immobilier. L’utilisation de fintech pour les placements immobiliers est certes attractive, mais encourager les potentiels clients à investir n’est pas une mince affaire. L’installation de hauts niveaux de régulation est ainsi nécessaire afin d’augmenter le niveau de confiance. Le sort de la cryptomonnaie est aussi important à suivre en ce sens.

 

Au final, comment les startup comptent-elles évoluer dans le contexte actuel ? En effet, face à cet écosystème encore peu mature technologiquement, elles vont devoir s’adapter aux acteurs qui sont encore en retard. Elles vont devoir fonctionner en mode “low-tech” et se consacrer à faciliter leur intégration. La collaboration est donc primordiale, surtout si l’on souhaite encourager le développement de nouvelles interfaces avec les procédés actuels.

 

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