Les frais cachés de l’assurance vie

31 oct. 2016
PAR NICOLAS PEYCRU

En assurance vie, il faut distinguer les frais affichés et ceux… un peu moins visibles. Au moment de la souscription, dans les conditions générales du contrat, sur les relevés de situation et même quelque fois sur les sites internet des banques, des assureurs ou des courtiers, les frais d’entrée sur les versements, les frais de gestion sur l’encours et les frais d’arbitrage entre les supports d’investissement sont mentionnés noir sur blanc. Le rendement des fonds en euros est toujours exprimé net de frais de gestion. Et les acteurs en ligne ont fait du 0% de frais d’entrée leur marque de fabrique. Voilà pour la partie émergée de l’iceberg.

Mais il existe, à côté de ces frais dits « directs » (directement facturés par l’assureur), une zone plus grise : les frais « indirects ». Ces derniers sont prélevés par les gestionnaires d’actifs, les fameux « asset managers », sur les supports financiers logés dans les unités de compte (UC). Cette fois-ci, ils ne figurent pas dans les relevés de situation, ni sur les sites des assureurs vie. Certes, la législation oblige à ce que les frais indirects soient mentionnés dans le document d’information clé de l’investisseur (DICI) de chaque UC. Mais combien d’épargnants épluchent vraiment leur DICI, a fortiori s’ils détiennent plusieurs unités de compte ?

En outre, au-delà des frais indirects fixes stipulés dans le document, il peut y avoir des frais indirects variables (des commissions versées à partir d’un certain niveau de performance) qui sont, eux, quasiment impossibles à connaître pour l’assuré. Bref, en matière de frais, la transparence n’est pas totalement de mise dans l’assurance vie. Or, ces prélèvements représentent un coût pour l’épargnant et viennent éroder un peu plus des rendements devenus faméliques. Dans sa newsletter datée de septembre, le « prescripteur d’assurance » Good Value for Money (GVfM) évalue la moyenne des frais fixes indirects à 1,69%. Pas mal, sachant que les frais directs se situent, eux, aux alentours de 1%.

Surtout, l’étude de GVfM montre qu’il existe de grands écarts dans les frais indirects et ce, à plusieurs niveaux. D’abord, ils varient selon les gestionnaires d’actifs. En se basant sur les 10 principaux « asset managers » de la place, les taux de gestion des UC actions vont de 1,47% (Fidelity) à 2,38% (Pictet). La classe d’actifs a également son importance : les frais fixes indirects se situent à 0,39% pour les « trackers » (ETF), contre 1,28% pour les fonds structurés. La nature des actions joue aussi. Les frais pour les actions « Amérique du Nord » s’élèvent en moyenne à 1,43% alors que ceux des actions « France » grimpent à 1,80%.

Ces moyennes, en réalité, ne veulent pas dire grand-chose. De l’aveu même de GVfM, ce n’est pas trop le niveau des frais qui compte mais plutôt le rapport coût-rendement. Si les frais sont élevés mais que la rémunération est au rendez-vous, l’épargnant ressort gagnant. Ce que le site de prescription dénonce, c’est ce qu’il appelle la « double peine » : des frais conséquents et une faible performance.

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