Serait-ce une conséquence indirecte de « l’effet Macron » ? Alors que le très médiatique ministre de l’Economie appelle de ses vœux à la création de « fonds de pension à la française », voilà que l’on apprend que les Français verraient plutôt d’un bon œil le développement dans l’Hexagone de ces véhicules investis principalement sur les marchés financiers et destinés à servir des rentes à la retraite.
Selon l’enquête annuelle du Cercle de l’épargne rendue publique le 1er juin 2016, 66% des 1.003 personnes âgées de 18 ans et plus interrogées pensent que les fonds de pension pourraient venir au secours du système français des retraites. Le pourcentage grimpe même à 74% chez les sondés qui estiment que les régimes français vont faire faillite.
Le résultat peut d’autant plus étonner que l’expression « fonds de pension » a longtemps été considérée comme un gros mot en France. Il suffisait de la prononcer pour être taxé de « libéral » (une autre insulte). On vous mettait alors sous le nez les cas de ces retraités américains, britanniques ou néerlandais qui n’avaient plus de pension à la suite de la mauvaise gestion ou de la disparition de leurs fonds de pension. Le 7 mai dernier, le Washington Post a révélé que Centrale States, l’un des plus importants fonds de pension d’outre-Atlantique, allait baisser d’un coup de 23% le montant des rentes qu’il verse à ses 115.000 pensionnés à cause de ses mauvais investissements.
Pour les Français qui chérissent la sécurité par-dessus tout, les fonds de pension étaient trop liés à la Bourse et à ses soubresauts. Aujourd’hui, cette défiance semble mise au placard. Mieux : les fonds de pension passent pour les garants de la pérennité financière du système français des retraites ! C’est ce que l’on appelle un retournement complet de situation.
Reste qu’il n’est pas sûr que nos compatriotes sachent exactement ce qu’est un fonds de pension. Toujours d’après l’étude du Cercle de l’épargne, 31% des répondants seulement se disent favorables à la mise en place d’un régime de retraite par capitalisation obligatoire qui viendrait compléter les régimes actuels par répartition. Pour rappel, dans les régimes en « capi », les assurés cotisent pour se constituer leurs propres rentes tandis que dans les régimes par répartition, les actifs financent les pensions des retraités sachant que leurs retraites seront payées, à leur tour, par la génération suivante. Or, la quasi-totalité des fonds de pension fonctionnent sur le modèle de la capitalisation…
Il semble donc difficile d’être à la fois pour les fonds de pension et contre la retraite par capitalisation. En réalité, n’en déplaise à Emmanuel Macron, les Français ne sont peut-être pas devenus fans des fonds de pension d’un coup. Nos concitoyens semblent se dire que ces structures hier honnies sont peut-être la moins mauvaise et surtout la moins douloureuse des solutions pour sauver le système des retraites en France. Lorsque l’on parle de repousser le départ à la retraite à 65 ans afin d’augmenter les recettes (les cotisations) des régimes et baisser leurs dépenses (les pensions), seules 40% des personnes interrogées sont prêtes au sacrifice. Même si l’on se cantonne aux individus qui pensent que les régimes vont faire défaut, à peine 53% d’entre eux sont d’accord pour cotiser plus longtemps. En résumé, les Français préfèrent confier une partie de leurs retraites à des fonds pas totalement sûrs plutôt que de quitter plus tard la vie active.
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