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La délocalisation des entreprises françaises : quels coûts cachés ?

12 sept. 2017
PAR NICOLAS PEYCRU

La délocalisation des entreprises françaises : quels coûts cachés ?

Les délocalisations sont un phénomène qui affecte divers secteurs d’activités professionnels, en particulier certains secteurs industriels. Liée à la mondialisation de l’économie, c’est devenu une pratique courante pour de nombreuses entreprises dans les pays développés que de relocaliser leurs activités à l’étranger. Ainsi le lieu de fabrication ou de transformation des marchandises diffère de plus en plus de leur lieu de consommation.

Nous ne rentrerons pas ici dans les considérations morales qui font que les délocalisations sont tellement décriées. Nous souhaitons surtout réfléchir avec les TPE et PME (nous écartons volontairement les plus gros groupes qui ont en général une démarche d’internationalisation très aboutie) sur les avantages et surtout sur les inconvénients non négligeables qu’il peut y avoir à délocaliser sa production. En effet, si cette pratique peut offrir des bénéfices aux entreprises en termes de coûts  et de souplesse de gestion, les inconvénients sont nombreux, surtout si on ne prend pas en considération certains paramètres.

Avantages de délocaliser : le coût et la souplesse

Dans la plupart des cas, l’entreprise choisit de délocaliser dans un pays dans lequel les coûts de production sont faibles. De ce fait, l’entreprise profite d’un avantage concurrentiel en employant des travailleurs dont les salaires sont en dessous de ce qu’ils seraient en France. La concurrence sur le marché de l’offshore contribue également à réduire les coûts de production. Les sociétés supports dans les pays destinataires des activités à délocaliser proposent des prix de plus en plus accessibles afin d’attirer plus d’investisseurs. Les Etats aussi sont dans une relation de concurrence qui les pousse à réduire la fiscalité et autres charges pesant sur les entreprises, voire sur leurs dirigeants en cas d’expatriation.

Délocaliser permet également une certaine flexibilité. Tout d’abord, certains pays ont une législation moins rigide quant aux lois du travail. En Thaïlande par exemple, la réglementation rend possible quarante-huit heures de travail hebdomadaires. Une délocalisation peut permettre de remettre à plat son organisation, de rationnaliser certaines activités, de mener certaines activités plus facilement, et dans certains cas de réduire les effectifs.

Des inconvénients nombreux 

« Bon marché coûte cher » : faire travailler des équipes étrangères à très faible coût peut nuire à la qualité. Or, les impacts d’un défaut de production qui affecterait la satisfaction client ou la sécurité des consommateurs seraient catastrophiques. L’image de l’entreprise peut s’en retrouver dégradée. La baisse des coûts de production ne joue donc pas toujours en faveur de l’entreprise. Compromettre la qualité de la production est le principal risque d’une délocalisation : aussi vous faudra-t-il multiplier les allers-retours sur place, chercher des garanties auprès de partenaires qualifiés, éventuellement même programmer des formes d’audits avec un système de suivi, voire mettre en place les processus les plus intégrés possibles entre la maison mère et la filiale étrangère. En la matière, inspirez autant que possible des plus grandes marques : ces dernières auront tendance à travailler avec plusieurs unités en parallèle pour le même type d’activités. Cette pratique permet de ne pas dépendre d’une seule d’entre elles. Ou au contraire, autre stratégie, elles cherchent un partenaire solide à qui elles accordent l’exclusivité et qu’elles aident à monter en compétence.

Dans le même ordre d’idée, la souplesse sur le plan des normes (environnementales, hygiène et sécurité) dont peuvent bénéficier les activités délocalisées dépend d’évolutions politiques ou judiciaires parfois rapides, surtout dans certains pays politiquement peu stables. Localement, la législation peut paraître moins rigide. Mais connaître l’environnement juridique et social est indispensable pour satisfaire aux normes en vigueur et anticiper celles à venir. D’autant qu’au plan mondial, on ressent dans de nombreux pays une vigilance croissante des autorités sur la protection de l’environnement ou sur d’autres sujets. C’est un vrai enjeu pour ne pas compromettre une relocalisation de comprendre l’esprit et les tendances dans le lieu de production, tout en sachant également conserver un attachement avec le territoire du consommateur final : surtout si les besoins d’adaptation sont importants (dans l’alimentaire, la bijouterie, la mode pour ne citer que ces domaines).

En effet, le système de pensée qui encourage la délocalisation a tendance à accorder peu d’importance aux facteurs spécifiques à chaque pays. Or, les pays d’accueil sont tous extrêmement différents avec des avantages et également des risques pouvant nuire au développement d’une entreprise ou à la réalisation de ses projets. Nous pourrions entrer dans le détail concernant les coûts liés à l’opération de délocalisation elle-même. Quitter un territoire occasionne des coûts : comme ceux liés à un plan social par exemple, on parle alors de « coûts de sortie ». De la même manière, les coûts d’entrée à l’arrivée sur un nouveau territoire sont souvent importants, et il n’est pas rare qu’ils soient sous-estimés. Si l’opération est complexe, elle risque d’absorber trop d’énergie par rapport à l’activité principale. Les réglementations en vigueur ne garantissent pas non plus la protection optimale de l’entreprise délocalisée des risques de contrefaçon. Dans certains cas, l’infrastructure est inadaptée pour faciliter la mise en œuvre de certains projets. Cela peut être lié aux problèmes de transport ou de logistique. Enfin, les différences interculturelles et linguistiques peuvent aussi ralentir une opération.

Tendances chez les sociétés françaises

La considération de ces différents paramètres fait qu’il y a des tendances spécifiques qui émergent quand on parle de délocalisation d’entreprises françaises. Par exemple, contrairement à l’idée reçue, les entreprises françaises se tournent d’abord vers l’Union Européenne plutôt que les pays émergents. L’industrie manufacturière et les services d’informations et de la communication, sont les principaux  secteurs concernés. La propension à délocaliser également, est directement liée à la taille de la société. Ainsi, les rapports démontrent que plus cette-dernière est grosse, plus elle est encline à se délocaliser. Les sociétés qui se délocalisent sont les plus souvent exportatrices ou déjà présentes à l’étranger par le biais de filiales. Les délocalisations dans les pays émergents comme l’Inde ou la Chine sont principalement  motivées par l’accès à des coûts bas, mais aussi grâce à la présence de marchés prometteurs. Les coûts salariaux peuvent être également attractifs dans les nouveaux états membres de l’Union Européenne. La délocalisation vers l’Europe en revanche, est souvent faite afin de réduire les coûts de production autres que les salaires. A l’opposé, la délocalisation vers les régions africaines, est en majorité liée aux bas salaires bas pour des activités demandant une main d’œuvre nombreuse.

Au final, la délocalisation  peut ne pas nécessairement se traduire par le succès du projet. Les facteurs de risques et les paramètres à considérer sont multiples. C’est la raison pour laquelle il convient de mettre en place une étude précise et sérieuse avant de délocaliser les activités de l’entreprise. Dans les services, le recours à l’externalisation (outsourcing) reste un moyen intermédiaire pour éviter une partie des inconvénients habituellement attachés à la délocalisation.

 

 

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